Retrouvez l'émission "On refait l'enquête" consacrée au VIIIe canton de Lyon. Un débat qui oppose Eric Lafond, Thierry Philip et Lionel Lassagne. Une émission présentée par Paul Terra, journaliste politique et Raphaël Ruffier-Fossoul, rédacteur en chef de Lyon Capitale.
envoyé par LyonCapitale.
Depuis de nombreuses années les chiffres du chômage sont « organisés » pour minorer le poids de cette réalité : une part significative de la population active ne travaille pas, et ce durablement. Certes, la « crise » a accentué cette situation, mais ce terme là n’est-il pas devenu désuet et sans signification véritable ? Depuis 30 ans les gouvernements successifs n’ont de cesse de prévoir une croissance créatrice d’emplois (2,5%), alors que la moyenne de celle-ci est invariablement bloquée à 1,6. Si nous vivons dans la « crise » depuis trois décennies ne faut-il pas en tirer la conclusion que notre modèle de développement économique et social a vécu ? Qu’il ne correspond plus à nos attentes et nos besoins ? Poser la question et remettre en cause l’existant est difficile car nous ne disposons pas d’un modèle de rechange. Or le changement n’est jamais aussi effrayant que lorsqu’il est incertain.
Etat et grands groupes, les deux piliers menacent de s’effondrer
Longtemps les besoins d’emplois ont été pourvus par les grandes entreprises et les pouvoirs publics. Ainsi, en pleine période de décentralisation (1985-2005) l’Etat augmentait encore son nombre de salariés de 200 000. Notre endettement public colossal nous interdit d’avoir recours à cet outil dans les prochaines années.
Les grandes entreprises, par effet de mondialisation et tant que l’énergie sera aussi peu coûteuse, resteront dans une logique de réduction d’effectifs. Elles créeront certainement des emplois, mais pas ici.
Les multiples petits piliers du nouveau modèle
Notre capacité à créer des emplois dépend donc totalement des TPE-PME, des acteurs de ce que nous appelons « l’économie sociale et solidaire » sans qu’objectivement nos concitoyens sachent bien ce que cela signifie, et des particuliers (notamment les seniors).
Changer de modèle c’est s’appuyer de façon préférentielle sur ces acteurs économiques. Réformes fiscales, réorganisation du coût du travail, formation continue et organisation des carrières professionnelles, clauses préférentielles dans les marchés publics, accès au crédit, innovations technologiques, etc. sont autant d’outils qu’il faudra inventer. Et d’autres que nous n’imaginons pas ici.
Surtout, il s’agit d’ouvrir les yeux sur les réalités tabous de notre société ; en particulier le niveau de formation insuffisant de notre population active. Les commentateurs s’enorgueillissent souvent du meilleur taux de productivité des salariés français. Ce chiffre masque mal la réalité de ceux qui ne travaillent pas. Incroyable taux de chômage des jeunes (25% des ceux en âge de travailler) seulement concurrencé par celui des plus de 50 ans, qui éclaire un gâchis colossal des ressources humaines dans notre pays. Nous ne pouvons imaginer changer de modèle économique et social sans remédier aux 160 000 jeunes qui sortent chaque année de l’école sans qualifications, sans libérer de cette contrainte le million et demi d’illettrés parmi les actifs, sans réorganiser enfin la formation continue, pompe à finances totalement inefficace.
La démographie, la répartition du travail (sur le temps de la vie et au sein de la population active) et bien sûr la répartition des richesses sont les principaux thèmes qui sous-tendent le débat autour du système des retraites. A l’inverse la solidarité entre générations, ou plus modestement la simple idée d’un équilibre intergénérationnel, apparait plus rarement comme un des fondements des projets défendus.
Cette absence est révélatrice, en creux, d’une réalité politique ; celui d’un conflit générationnel latent dans notre pays. Cela s’explique sans doute par le fait que les rapports entre générations sont supposés naturellement pacifiés par les principes fondamentaux de la société française.
Je crois qu’il s’agit d’une erreur d’analyse importante.
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A lire le projet présenté par le PS et Jean-Jacques Queyranne pour ces élections régionales, on est frappé par l’exhaustivité du propos. Plus de 70 pages où tous les sujets sont traités, façon de montrer combien le sérieux et l’expérience de six ans de gouvernance sont de ce côté.
Pourtant, depuis des années que nous examinons les projets portés par les socialistes, cette première impression – c’est parfait, ils ont pensé à tout – est toujours fortement nuancée par une lecture plus attentive. Celle-ci, et ce projet régional ne fait pas exception, démontre que la tentation du «on rase gratis» est omniprésente.
La communication électorale met l’accent sur 15 propositions, masquant les innombrables nouvelles sources de dépenses (nouvelles rénovations de gares, prises en charge des licences sportives, du permis de conduire, des premiers brevets, extension de la carte M’Ra aux étudiants de premier cycle, nouveaux événements culturels, nouvelles maisons de santé, nouvelles aides à l’écotourisme, création d’écoles de la deuxième chance, création d’une chambre consulaire régionale de l’environnement, etc.). L’ensemble est inquiétant pour les finances publiques et masque mal le manque de fil conducteur du projet.
Une inquiétude pour les finances publiques
La crise économique motive certainement cette incroyable succession de promesses. Elle ne saurait nous faire oublier la crise financière, notamment celle des finances publiques. Or, il n’est jamais question des recettes ou d’économies dans la dépense publique, ce qui doit inquiéter l’électeur qui se demande comment seront financées toutes ces mesures.
Ainsi on reste perplexe face aux nombreux « fonds » que la Région promet de créer. Ils nous paraissent moins vraisemblables les uns que les autres :
Faute de trouver les partenaires envisagés, l’argent public régional servira-t-il à tenir ces promesses ? En ce cas, le pire est à craindre pour les finances publiques, compte tenu notamment des investissements qui sont prévus en matière ferroviaire. Une politique tarifaire audacieuse est certainement la voie à suivre pour accroître la fréquentation des trains, et la règle des 2€ par jour est intéressante. Nous invitons le PS à aller plus loin sur le sujet, pour optimiser les infrastructures existantes. En revanche les promesses (nouvelles gares, 80% de trains neufs, etc.) paraissent démesurées et dangereuses pour les finances publiques déjà fragilisées par les investissements du précédent mandat.
L’abondance de biens promise ne donne pourtant pas de fil conducteur au prochain mandat. A l’inverse on est surpris de l’absence de solution devant laquelle semblent se trouver les rédacteurs de ce projet.
Un manque de simplicité, quelques incohérences
La volonté d’en montrer conduit à des excès et la surenchère avec les Verts sur la question environnementale aboutit à ce résultat. Face à l’idée d’une conférence régionale annuelle sur le climat pour un plan climat Rhône-Alpes, on ne saurait dire si on est ébahi ou consterné. Il existe suffisamment de travaux faisant autorité pour alimenter des actions. Quelle prétention que d’imaginer qu’une telle conférence servirait à autre chose que de la petite communication au bénéfice des élus régionaux ? Coûteuse et inutile est donc cette proposition. L’heure est aux décisions et aux expérimentations, elle n’est plus à la « prise de conscience » !
A l’identique pour la volonté de montrer que l’on va aider les PME. Les promesses d’une « charte de la sous-traitance » ou de « nouveaux « liens entre les grands groupes et les PME » éclairent davantage un manque de culture économique que l’envie d’agir. Idem pour la création d’une SEM sur les énergies renouvelables et la maîtrise de l’énergie. Le tropisme étatique est à l’œuvre et effraiera à juste titre les acteurs économiques du territoire.
Enfin, au travers des 76 pages, on trouve quelques étrangetés. Le PS n’est ainsi plus favorable aux politiques européennes, considérant qu’il faut « renationaliser » les aides à l’agriculture. Ou encore qu’il envisage de ne plus vendre le site de Charbonnières qui « pourra être reconverti partiellement en un écotechnoparc ». Ceux qui ont voté le transfert du siège régional sur la promesse d’une compensation de l’investissement par la vente de l’ancien site en seront pour leur frais (et nous aussi).
Ainsi, s’il faut reconnaître aux candidats du PS la volonté d’aider, de bien faire, dans un contexte difficile, le résultat final n’est pas convaincant. Cette certitude qu’on peut ne pas tenir compte des contraintes extérieures est inquiétante, notamment parce qu’elle se double d’un fort immobilisme. Rien n’est remis en question et la volonté de réforme est absente car tous les dispositifs ou les organismes existant (ARDI, Missions locales, etc.) sont maintenus et renforcés sans que la question de leur efficacité soit posée.
Alléger l’organisation, optimiser les infrastructures, expérimenter de nouveaux modes d’action, autant d’éléments de modernité auquel le PS à du mal à se résoudre, engoncé qu’il est dans les vieilles habitudes de l’endettement public. Ce mandat de quatre ans avant réforme des collectivités locales impose une audace sur les objectifs et une prudence sur les moyens que l’on ne trouve pas dans le projet socialiste.
Eric Lafond, Vice-président du Mouvement Démocrate du Rhône
La semaine dernière, la tête de liste des Verts a présenté les grands axes de leur projet régional. La revendication d’une idéologie destinée à « soigner » une société décrite comme malade pourrait inquiéter, notamment par la signification du terme idéologie, mais je ne m’attarderai pas sur ces effets de manche destinés à une partie de l’électorat.
Ce sont les propositions qui importent et leur impact sur le quotidien des habitants de la région. La retranscription du propos par les médias pouvait sembler mettre l’accent sur les seuls aspects gadgets du projet. Aussi suis-je allé sur le site des Verts pour lire leurs 5 points prioritaires ; et force est de constater qu’il y a de quoi s’interroger.
Les horizons dont nous venions étaient divers – sociaux-démocrates,écologistes, républicains et anciens de la maison centriste demeurés fidèles à l’idée du « parti libre ». Nous étions pourtant moins nombreux que ceux qui embrassaient pour la première fois la logique partisane.
Dans une communauté aussi hétérogène, les attentes étaient diverses, souvent immédiates et parfois contradictoires. Les premières étapes de la construction du Mouvement Démocrate ont révélé ces contradictions. Elles ont généré quelques abandons ou désillusions.
Dans ce contexte, après deux autres défaites électorales, le doute a gagné beaucoup d’entre nous. Certains détecteront même un vent de panique dans les manifestations tout azimut de notre proximité avec les membres de feu la «gauche plurielle ».
Il est temps de se souvenir des raisons majeures pour lesquelles nous nous sommes engagés.
Fort de ces convictions il manque aujourd’hui au Mouvement Démocrate une forme de détermination propre à convaincre les électeurs de la sincérité de notre engagement. Celle qui nous conduirait à être exigeant et exemplaire dans la préparation des échéances électorales. Qui nous permettrait d’échanger avec d’autres formations politiques sans que notre indépendance soit immédiatement remise en question. Qui convaincrait que la tentation de se réfugier dans une alliance ne nous effleure pas en ces temps difficile. Qu’une alliance ne serait pas une fuite en avant sans contenu autre qu’une opposition au pouvoir en place.
Aussi est-il temps que le Modem prenne toute sa dimension et cela ne pourra être accompli que si nous sommes cohérents avec les raisons pour lesquelles nous nous sommes engagés.
C’est pourquoi je m’engage dans cette campagne électorale. Je souhaite que le débat existe en interne sur la ligne politique que nous devons tenir, sur le message électoral que nous devons porter et qu’ainsi, rassurés sur ces perspectives, nos équipes puissent pleinement prendre part au projet.
Eric LafondJe vous invite à suivre le lien suivant : http://www.jeunesmagistrats.
Je suis un démocrate Lyonnais, membre actif du MODEM
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