Je m’étais interrogé pendant la campagne présidentielle quant à la signification de « l’ordre juste », projet mise en avant par la candidate du PS. A l’époque c’était la notion d’ordre qui avait fait polémique, davantage que son adjectif. Paradoxalement car l’ordre n’est finalement que le fruit de règles respectées. A l’inverse la question de savoir si ces règles sont justes ouvre une réflexion plus vaste : comment évaluer la « justesse » ? qui évalue ? combien de temps vaut cette évaluation ?
La démocratie a le mérite de répondre à ces questions. Les règles qu’elle crée sont a priori justes car elles sont le fruit de l’expression du peuple ou de ses représentants.
Mais cette « justesse » n’est pas absolue. Le caractère injuste d’une règle peut être relevé et dénoncé. Il y a alors débat, manifestation, et peut-être proposition d’une règle meilleure. Telle est le fonctionnement démocratique attendu.
Entendre un parlementaire, premier représentant de l’État dans notre ville, déclarer que « les indemnités [accordées à Bernard Rivalta en tant que Président du Sytral] étaient illégales mais justes » relève d’une curieuse conception de la démocratie.
Si la règle interdisant de telles indemnités est contraire à l’intérêt général où est la proposition du parlementaire Gérard Collomb pour la modifier ? S’il faut ouvrir un débat sur les conditions dans lesquelles s’exerce ce type de fonction, qui sont les débatteurs, quels sont les arguments ?
Rappelons ici que la fonction de membre du conseil d’administration du Sytral est liée au mandat de conseiller général ou de conseiller communautaire. Les élus représentent ces institutions dans le cadre de leur mandat, il ne s’agit pas d’une charge en plus. Le Président a naturellement des frais de représentation, évidemment pris en charge par l’institution.
Ledit Bernard Rivalta, conseiller communautaire et conseiller général, percevait à l’époque des faits 4000 € par mois d’indemnité. Est-ce cela qui est injuste ?
Ainsi "faiblement" indemnisé Bernard Rivalta ne pouvait pas faire partie du club des grands élus, ceux qui plafonnent à 8200 € et qui écrêtent. Ceux qui, multipliant mandats et fonctions, donnent corps à une nouvelle aristocratie qui, forte de sa longévité élective, définirait ce qui est juste, sans s’embarrasser de processus démocratique.
Nous l’avions dit pendant la campagne municipale, le premier mandat de G. Collomb s’était caractérisé par une gouvernance contestable. Le second commence sous des auspices peu avenants.
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