La folle chute des valeurs boursières signifiait concrètement un retrait de capitaux. Ou partaient donc ces investisseurs (fonds, banques, etc.) qui n’attendaient plus de gain du placement en action ? Dans les emprunts d’Etat, placement sûr, modestement rémunérateur mais absolument sécurisé.
Et nous avons là par la même occasion la réponse à la question de ces derniers jours, d’où vient cet argent (1700 milliards € pour l’Europe, 360 pour la France) qui doit résorber la crise financière ? De l’emprunt que l’Etat contracte auprès d’investisseurs. La boucle est bouclée ?
Le circuit n’est pas indolore pour les possesseurs de ces capitaux car la perte de valeur en bourse a été réelle. Seul l’Etat y trouve un peu son compte avec un taux de rémunération assez faible considérant la forte demande de placement.
Beaucoup a déjà été dit sur le retour de l’Etat dans le jeu économique, la dimension européenne de la réponse, la nécessaire sécurisation du « système sanguin » de l’économie qu’est la finance, etc. Mais avec quelles conséquences et à quel prix ? L’urgence occulte souvent la réflexion alors que la difficulté doit aussi générer de nouvelles approches, des solutions non encore appliquées.
Le gouvernement a choisi d’alourdir (encore) l’endettement public. Au moins à hauteur de 40 milliards en espérant que les 320 apportés en garantie ne soient pas sollicités. On mesure ici l’importance d’être en capacité de créer de l’excédent budgétaire quand la situation économique est correcte. Nous ne l’avons jamais fait depuis 35 ans et nous paierons une facture qui sera lourde.
Quelle garantie obtenons-nous du sauvetage des acteurs financiers ? Considérer le système financier comme indispensable au fonctionnement de l’économie n’exonère pas celui-ci d’un certains nombre d’engagements vis-à-vis des autres acteurs (entreprises, consommateurs, autorité de régulation, etc.) ? La promesse de ne pas couper le crédit est la moindre des choses. Quels engagements sur les critères de retour sur investissement, sur la notion de risque, sur la transparence des comptes, sur l’abandon du « court-termisme » auquel la plupart de ces acteurs avaient cédé ?
Il est à craindre que rien ne soit prévu sur le sujet et que notre gouvernement, au-delà des déclarations vibrantes sur la garantie du dépôt bancaire, n’ait pas de philosophie sur le sujet. La « nationalisation » des banques (au moins partielle) ne saurait être qu’un recours technique qui ne masque pas la question centrale de leur démocratisation. Pas de démagogie ici mais la réflexion que doit produire le politique sur les droits et les devoirs des banques dans le système économique visant un développement, un accroissement des richesses durable.
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