L'annonce faite officiellement voici moins d'un mois d'une augmentation du pouvoir d'achat éclaire à la fois l'importance de la communication politique et l'évolution économique et social actuelle.
En annonçant 3,3 % d'augmentation de pouvoir d'achat l'Insee contredit un sentiment général. En reprenant à son compte, comme le fruit des réformes, un tel résultat le gouvernement fait de la communication politique sur le mode « faites nous confiance, les premiers résultats sont là même si vous le ressentez pas encore ».
Comment comprendre le décalage entre ce que nous vivons au quotidien (peu ou pas d'augmentation de notre revenu sur 2007, pas de capacité d'épargne plus importante) et ce chiffre de l'Insee ?
Comme souvent les chiffres disent la vérité, mais encore faut-il les bousculer un peu et aller voir ceux qui se dissimulent sous la communication. Le chiffre de 3,3% est une moyenne. Une moyenne de l'évolution du pouvoir d'achat des ménages français qui sont classés par « déciles » de niveau de revenu. Et que constate-t-on ? Que les premiers déciles (revenus d'allocation essentiellement » perdent du pouvoir d'achat. Encore que cette notion est toute théorique pour les personnes concernées. Que les personnes dont le niveau de rémunération est lié au SMIC voient leur situation s'améliorer. Qu'en revanche les 7 déciles supérieurs, soit l'ensemble de la classe moyenne y compris celle relativement aisée, voient leur pouvoir d'achat diminuer. Et qui fait remonter la moyenne, les derniers déciles.
Ainsi notre modèle de développement économique d'accroissement des inégalités trouve-t-il une expression concrète.
Nous continuons à créer des richesses mais celles-ci ne bénéficient plus au plus grand nombre. Cela donne, à juste titre, le sentiment que demain ne pourra pas être mieux qu'aujourd'hui.
Bonjour Eric,
Le terme de pouvoir d’achat est couramment associé au revenu disponible brut réel, à savoir le revenu disponible brut déflaté par le prix des dépenses de consommation des ménages. Il s’agit d’une grandeur macroéconomique. Parallèlement, l’INSEE publie un concept microéconomique de revenu disponible. Celui-ci provient de données d’enquête (enquête sur les Revenus Fiscaux) qui permet de disposer du revenu moyen disponible par ménage. Ce sont d’ailleurs ces données individuelles qui permettent de calculer les indicateurs d’inégalités, dont le fameux rapport inter-décile…).
Le chiffre de 3,3% est tout à fait juste (données 2007, INSEE) mais porte sur la grandeur macroéconomique et ne peut donc pas être commenté à l'aide des déciles (approche micro, chiffres différents).
En outre, le rapport inter-décile diminue ou reste stable depuis 2001. L'analyse proposée n'est donc pas totalement juste. Les inégalités se creusent effectivement mais aux extrêmes (à l'intérieur de D1 et D9) et en dynamique : ce que cette méthodologie ne peut pas mesurer.
Un développement plus détaillé serait nécessaire. Amicalement,
Delphine.
Rédigé par : Delphine Bense | 19 juillet 2008 à 15:57
Chaque annonce est l'occasion pour les Français d'exprimer leur défiance envers ces indicateurs qui comparent la vie des français à celle d'une entreprise
Quiconque a déjà regardé à la loupe la production des chiffres sait que ces derniers sont aisément malléables. Politiquement ces annonces sont malheureuses car la perception du "pseudo bénéfice" pour la nation rentre en contradiction avec la dégradation objective des conditions de vie, ou perçue comme telle, de nos concitoyens.
Est ce que le revenu disponible brut intègre les crédits à la consommation et autres trouvailles "dernière génération" pour les classes moyennes qui s'enfoncent dans la crise ?.Je ne le sais, pour autant les exemples massifs de recours aux crédits de consommation dans mon environnement immédiat m'inciterais à participer à la dépression générale.
Je m'amuse à dire que les classes moyennes d'hier vivaient comme vivront les petits bourgeois de demain.
Désolé c'est cynique.
Rédigé par : Brennos | 25 juillet 2008 à 00:08
Les économistes vont finir par nous convaincre que nos voisins vivent mieux que nous.
Le français de l'Insee est un autre. Il est dommage que ne soit pas associé à ces publications d'indices un rapport d'analyse des perceptions (hors sondages) par de vraies commissions indépendantes.
Rédigé par : Jeremy | 25 juillet 2008 à 17:13
Désolée Jérémy mais je ne peux cautionner ce genre de propos. Le pouvoir d'achat se mesure aujourd'hui comme il y a un an, deux ans ou dix. Pourquoi un même indice, fiable l'année dernière, ne le serait-il plus aujourd'hui ? Il faut arrêter d'incrimer l'INSEE qui continue d'assurer sa mission, de façon indépendante. Le problème n'est absolument pas d'ordre statistique. (Au passage, la mesure du pouvoir d'achat ne se fait pas par données d'enquêtes).
Le décallage entre evolution du pouvoir d'achat et les chiffres masque en fait un problème bien plus grave : l'augmentation des inégalités. Le chiffre JUSTE fournit par l'INSEE n'est qu'un chiffre moyen. Or, il est "tiré vers le haut" car les riches ont vu leur pouvoir d'achat exploser. Entre 1998 et 2005, presque 9% pour les 10% les plus riches, contre 0,56% pour les 90% restants, soit moins que l'accroissement de la richesse française, captée en totalité par la frange la plus aisée de la population. Le problème n'est donc pas méthodologique mais un problème de choix dans le partage des richesses.
Seulement, il est plus politiquement plus confortable de présenter à l’opinion publique une baisse globale du pouvoir d’achat plutôt qu’orienter le débat sur un creusement des inégalités.
Les économistes n'inventent pas les chiffres et l'INSEE ne les trafique pas. Il ne faut pas céder aux chants des sirènes...
Rédigé par : Delphine | 08 septembre 2008 à 21:27