Prisons, le reflet de notre niveau de civilisation

L’atonie estivale des médias a masqué une nouvelle fois le drame quotidien qui se joue dans les prisons françaises. La querelle entre Ministère et ONG compétentes sur le nombre de suicides cette année marque jusqu’à l’absurde l’infamie qui frappe la société française.

De condamnations de la cour européenne des droits de l’homme en rapport parlementaire le constat est établi depuis de nombreuses années : les prisons françaises sont dans un état catastrophique et les détenus y vivent de façon indécente. Pourtant les actes politiques ne sont jamais à la hauteur et le sujet jamais prioritaire sur le plan budgétaire.

Lors des élections municipales sur Lyon nous avions proposé que la Communauté urbaine prenne en charge, à titre expérimental, l’aménagement et la construction des prisons. Notre raisonnement était le suivant. L’insécurité est largement lié à l’échec de politique carcérale et à l’importance de la récidive : 75% des courts et moyennes peines aboutissent à une récidive. Il nous paraît qu’un lien de causalité est évident entre ce constat et les conditions d’incarcération. Aussi nous proposons que la société locale, principale victime de cette récidive, prenne l’initiative que l’Etat ne veut ou ne peut pas prendre.

La recrudescence des suicides en prison rappelle combien le sujet est d’actualité. La construction de nouvelles prisons semble être une réponse mais la politique sécuritaire du gouvernement et la lenteur de la justice pénale trop pauvre en moyens humains et financiers, maintiennent une forte surpopulation carcérale (62420 détenus pour 51000 places).

La situation actuelle est la conséquence de l’impasse du débat entre sécurité et prévention. L’UMP incarne un conservatisme bon teint qui en appelle à la sécurité et préfère fermer la porte sur les mises en examen et les condamnés sans se préoccuper de ce qui se passera ensuite. Le PS garde le cap d’une posture morale sur la nécessaire prévention mais ne s’intéresse pas à la récidive. Le paroxysme de cette hypocrisie fut l’adoption d’une loi en 1997 sur l’individualisation des cellules de prison ; loi qui ne connaîtra jamais de décret d’application.

L’ambition de régler ce type de difficulté est au cœur du projet démocrate. Ce sujet est pour nous emblématique du projet de société que nous développons. Il éclaire notre humanisme concrètement, au-delà des mots. Il démontre si besoin combien le pôle démocrate est nécessaire à la vie politique française.