Bientôt deux mois après l’élection si aisée de Gérard Collomb, la mise en place des exécutifs à la Ville de Lyon et au Grand Lyon confirme les tendances lourdes révélées par la campagne et les craintes que nous pouvons nourrir quant au fonctionnement du pouvoir local.
21 adjoints et 40 vice-présidents aux délégations confuses ont concrétisé une stratégie de recrutement tout azimut de la liste « Aimer Lyon ». A l’instar du Président de la République, le maire a camouflé sous le doux vocable de « l’ouverture » une stratégie de stérilisation de l’opposition.
En intégrant de très nombreux notables locaux (présentés comme des représentants de la société civile), il fait coup double. D’une part il empêche ses derniers de prêter leur notabilité à d’éventuelles critiques qui ne manqueront pas de poindre pendant le prochain mandat (rôle des HCL, traitement de la pauvreté, accroissement excessif de la police municipale, etc.). D’autre part il marginalise les représentants de sa propre formation politique se garantissant ainsi l’impossible émergence d’un éventuel dauphin ou d’une contestation interne au PS.
Que dire des alliés naturels du PS ? Marginalisés dans le projet et la campagne, ils ont été richement dotés en adjoints et vice-présidents. Leur liberté de parole en sera d’autant limitée.
Et puis il y a le pillage confirmé du Mouvement Démocrate ou plus exactement le recrutement ciblé des ex-responsables UDF qui avaient a priori fait le choix de la continuité de leur engagement au sein du Modem. La systématisation des récompenses à ces ralliements atteste d’une volonté politique de marginaliser le Modem dans le jeu politique local.
Enfin il y a l’exploitation de la large défaite de l’UMP. La guerre de succession qui se fait jour trouvera certainement de la matière dans la participation à l’exécutif communautaire.
Ainsi, potentiellement sans opposition, entouré d’une équipe très redevable, qu’est ce qui empêchera l’émergence d’un pouvoir personnel ? La culture démocratique du Maire, des médias locaux vigilants ? On aimerait y croire.
Oui, il est plutôt étonnant de constater que le Parti Socialiste semble reproduire ici ce qu'il reproche à la Présidence de la République : tentation hégémonique, débauchages individuels, proximité avec les puissances financières et médiatiques locales, ou encore traitement en "godillots" des partis alliés.
A croire que la dénonciation par le PS du sarkozysme est basée non sur des valeurs éthiques ou républicaines différentes, mais bien sur le fait de ne pas se trouver à sa place.
Rédigé par : El Desdichado | 12 mai 2008 à 18:31