Avec une méthode éprouvée, la réforme de l’enseignement primaire se présente avec un slogan sur lequel la critique a peu de prise : « retour aux fondamentaux ».
Malheureusement je suis convaincu qu’à nouveau un Ministre de l’Education Nationale aura réalisé une réforme qui n’aura pas d’impact sur la situation de notre système d’enseignement. Deux mots d’abord sur le contenu de cette réforme. Plus de temps pour apprendre à lire, écrire et compter ; moins de temps à l’école (24 h au lieu de 26).
Je rappelle les enjeux de la réforme : faire en sorte que les enfants arrivent au collège en sachant lire, écrire et compter. Ils sont 150 000 à ne pas savoir le faire correctement aujourd’hui (sur environ 800 000 chaque année). Ce chiffre étant aussi celui de nombre d’adolescents qui quittent l’école sans diplôme, on mesure l’importance du sujet. Le Ministre croit-il sincèrement que le « retour au fondamentaux » permettra à 25% des enfants aujourd’hui marginalisés de retrouver leur chance de réussite à l’école ? Ou s’agit-il de l’expression d’une nostalgie sur le mode « c’était mieux avant » ? Voir encore d’un message politique à un électorat conservateur ?
Quelque soit l’explication, voila encore une réforme qui mobilise beaucoup d’énergie et dont peu d’effets sont attendus.
Pourtant le système d’enseignement reste le socle d’une société moderne et démocratique ; et accepter comme nous le faisons un tel taux d’échec est inquiétant.
Comparaison n’est pas raison mais force est de constater que les pays qui ne connaissent pas l’échec scolaire ont fait le pari d’un encadrement plus important en primaire. 1 enseignant pour 7 ou pour 11 en Finlande, au Danemark ou en Suède, contre 1 pour 21 en France.
Donner plus de temps aux enfants pour apprendre, pour être autonome dans l’apprentissage, voilà une base de réforme qui peut construire l’Ecole dont nous avons besoin au XXIème siècle. Et là encore l’expérimentation pourrait nous permettre de nous affranchir des blocages et des peurs qui s’expriment aussitôt que les mots « réforme » et « Education Nationale » sont associés.
Voici comment, si l’on n’y prend point garde, sera résolu le problème de faire de l’éducation à la fois un service privé et un instrument de cohésion sociale :
"Le trait commun de tous ces avatars du contrat est d’inscrire des personnes (physiques ou morales, privées ou publiques) dans l’aire d’exercice du pouvoir d’autrui sans porter atteinte, au moins formellement, aux principes de liberté et d’égalité.
Loin de désigner la victoire du contrat sur la loi, la “contractualisation de la société” est bien plutôt le symptôme de l’hybridation de la loi et du contrat et de la réactivation des manières féodales de tisser le lien social".
A. SUPIOT, 2002, « La contractualisation de la société », in La société et les relations sociales, Paris, Odile Jacob, « Université de tous les savoirs », n° 12.
Rédigé par : Franck | 20 mai 2008 à 09:39